Un demi papa - 6

 

24 Août 2010 – 17h12 :

Après le Docteur, c'est Dominique qui est arrivée. C'était un après-midi du mois de Mars, un peu après le début du printemps, il faisait doux ce jour-là. J'étais en train de jouer avec Marion et Thomas, Papa était parti, Pierre-Alain travaillait à l'intérieur et on a entendu une voiture arriver par le chemin.

 

Au départ j'ai cru que Papa revenait, mais ce n'était pas lui, c'était une toute petite voiture verte. Alors on a tous les trois couru à l'intérieur prévenir Pierre-Alain. Lui et Papa nous avaient bien dit de rentrer si un inconnu arrivait et de venir les chercher tout de suite.

 

De derrière les fenêtres, on a regardé la voiture entrer dans la cour, faire un demi-tour et s'arrêter, c'était une Twingo. Une femme est sortie et a regardé partout mais elle ne nous a pas vus. Elle a crié pour savoir s'il y avait quelqu'un, mais on n'a pas répondu et elle est venue vers la maison.

 

Dominique, c'est quelqu'un de gentil. On ne le savait pas encore, bien sur, mais déjà en la regardant elle n'avait pas l'air méchante. Dominique, elle a à peu près l'âge de Maman, elle est grande comme Papa et elle a des cheveux bruns qui lui arrivent aux épaules. Ce jour-là elle était habillée avec une chemise pleine de couleurs et un pantalon jean.

 

Donc, elle a frappé à la porte en criant encore pour voir s'il y avait quelqu'un et là Pierre-Alain a ouvert. Nous, on était encore dans la cuisine, elle ne nous voyait pas. Ils sont sortis dans la cour et ils ont parlé. Et puis d'un coup Dominique s'est laissée tomber sur le banc de pierre qui est sous la fenêtre de la cuisine et elle s'est mise à pleurer. Pierre-Alain avait l'air bien embêté, ça se voyait. Il a essayé de la consoler mais ça ne marchait pas.

 

Au bout d'un moment, Dominique allait mieux. Elle s'est levée, elle a ouvert sa voiture et a sorti des papiers qu'elle a montrés à Pierre-Alain. C'est après ça que Pierre-Alain l'a fait entrer dans la maison. Quand elle nous a vu elle s'est encore mise à pleurer, elle disait qu'on était beau, elle a demandé à Pierre-Alain si elle pouvait nous embrasser et elle nous a serré très fort dans ses bras. Elle avait l'air gentille et malheureuse, la pauvre. Moi, je l'ai serré aussi, ça m'a fait du bien.

 

Après ça, Pierre-Alain a fait du thé (il fait toujours du thé, Pierre-Alain, il en a plein dans un placard, de toutes sortes, en sachet ou en vrac, d'Inde, de Chine ou d'ailleurs, avec les théières et les boules à thé) et on s'est tous assis autour de la table.

 

Dominique nous a expliqué qu'elle fouillait le village depuis deux jours, qu'elle venait de Toulouse pour rechercher ses deux enfants, Tom et Marius, qui avaient nos âges, et qui auraient dû être au village chez son ex-mari, Daniel, qui habite dans la Grand-Rue, près de l'église. Dominique et son mari avaient divorcé, alors maintenant Daniel habitait le village et Dominique habitait à Toulouse, là où elle travaillait (elle était vendeuse en supermarché), là aussi où habitaient ses parents, parce qu'il fallait qu'elle s'en occupe.

 

Alors, quand la Grippe était revenue la deuxième fois, son mari avait gardé les enfants pour qu'ils soient moins en danger qu'en ville et Dominique venait les voir quand elle pouvait. Après, quand ses parents sont morts, il y avait eu les problèmes de la ville, la fermeture de son magasin et plus d'essence pour se déplacer. Elle pouvait parler à ses enfants tant que le téléphone fonctionnait, ils allaient bien, alors Dominique restait à Toulouse, elle nous a dit qu'elle s'occupait des personnes âgées de son immeuble, ceux qui restaient tous seuls après la Super Grippe.

Et puis un jour il n'y avait plus eu de téléphone et Dominique n'avait plus de nouvelles de ses enfants. Elle était venue une fois au village, le mois dernier, ça l'avait rassuré, mais elle avait dû repartir, elle l'avait promis à « ses petits vieux », comme elle disait.

 

Et avant hier, quand elle était revenue (après avoir volé de l'essence, elle nous l'a dit), il n'y avait plus personne.

 

24 Août 2010 – 17h41 :

J'ai pu garder l'ordinateur, alors je continue, parce que j'étais en plein milieu de la rencontre et c'était un jour vachement important. Donc, je reprends :

 

Dominique nous a dit qu'elle avait fait d'abord la maison de son mari Daniel, c'était vide. Elle a fait les voisins, c'était vide aussi. Elle a commencé à avoir très peur, elle a fait toutes les maisons autour, c'était toujours vide. La voiture de Daniel était toujours là, dans la rue, elle a cassé une vitre pour rentrer dedans, elle n'a rien trouvé pour lui dire où étaient ses enfants. Elle a crié dans la rue, très fort, et personne n'a répondu. Alors elle a décidé de visiter toutes les maisons jusqu'à ce qu'elle trouve quelqu'un et alors elle essaierait de savoir où étaient passés ses enfants.

 

Finalement, je résume, le village était vide et ça se voyait que des gens étaient passés pour prendre ce qui était encore utile. Il n'y avait qu'une maison avec des gens dedans et c'est comme ça que Dominique a trouvé Thérèse et Charles, et puis Laurie, et puis plein de petits enfants. Ils habitaient tous ensemble, chez Thérèse et Charles, qui les avaient recueillis quand leurs parents ou ceux qui s'en occupaient étaient morts.

 

Ça nous a fait tout drôle, à la fois de savoir qu'il y avait encore des gens au village, parce que nous on ne voyait plus personne, et puis de savoir qu'ils étaient aussi peu nombreux. Parce qu'avant, Pierre-Alain nous l'a dit, il y avait 800 habitants dans le village. Bien sûr, il y en avait plein qui étaient partis, mais ça faisait beaucoup de morts, quand même. Avec Marion, on a commencé à comprendre que quand on grandirait le monde ne serait plus jamais celui d'avant. Ça faisait vraiment une drôle d'impression.

 

Pierre-Alain aussi, ça le faisait réfléchir. Il a beaucoup discuté avec Dominique à propos des survivants du village. Elle lui a expliqué que Thérèse et Charles étaient trop vieux et Laurie complètement dépassée pour s'occuper longtemps des petits et donc que elle, Dominique, elle retournerait là-bas pour s'en occuper. Finalement, Pierre-Alain nous a demandé si ça nous gênerait d’aller les voir, on a dit que non, bien sur et on est tous monté dans sa voiture.

 

Pierre-Alain continuait à utiliser sa voiture d'avant, parce qu'il y avait plein de place dedans et elle ne consommait pas trop d'essence. Un jour, Papa et lui avaient ramené une énorme cuve de gazole depuis une ferme, avec presque mille litres dedans (ils avaient utilisé les engins de la ferme pour porter la cuve) et depuis on utilisait du gazole rouge dans les voitures.

Le gazole rouge, c'est celui des tracteurs, mais ça marche pareil dans les voitures. Il paraît qu'avant on n'avait pas le droit, mais tous les droits et les lois ça date d'avant.

En même temps que la cuve, Pierre-Alain et Papa avaient récupéré un groupe électrogène dans la ferme. Un groupe, c'est un moteur fixé dans une remorque et quand il on le fait fonctionner il produit de l'électricité.

Ça fait du bruit, comme un moteur diesel, ça fume, mais on a toujours du courant.

Pierre-Alain nous a dit qu'avec ça plus la cuve on avait de l'électricité pour un an, vu qu'il y avait les panneaux solaires pour l'eau chaude et l'éolienne pour l'eau du puits.

Quand je relis, je me rends compte que s'il fallait que j'écrive tout ce qui se passe, je taperais sur l'ordinateur toute la journée, du matin au soir. Peut-être que je le ferais plus tard, mais là je vais continuer ce que j'avais commencé.

 

Alors, au village, Dominique nous a guidé et on est arrivé chez Thérèse et Charles. C'était une vieille maison du village, collée entre d'autres maisons, avec la porte côté rue et un jardin à l'arrière. Tout de suite, on a entendu les enfants. Ils étaient huit. La plus petite avait 3 ans, c'est Marina, et la plus grande 7 ans, c'est Leïla.

 

Pendant qu'on allait dans le jardin jouer avec eux, et ça faisait du bien de voir enfin des enfants, Dominique et Pierre-Alain discutaient avec Thérèse et Charles. Pierre-Alain nous a raconté après, mais on avait vite compris qu'ils étaient gentils mais trop vieux pour s'occuper des petits. Il y en avait qui éternuaient, d'autres qui puaient et presque tous étaient mal habillés et énervés.

 

Alors, Pierre-Alain a fait plein de voyages, on a ramené tout le monde et toutes les affaires au gîte.

 

Ça a pris tout le reste de l'après-midi et encore des jours après. Heureusement qu'il y avait Dominique, parce que Thérèse et Charles faisaient souvent les trucs à l'envers et Laurie elle est bonne à rien.

 

Laurie a 27 ans, mais elle ne sait rien faire. Elle était secrétaire au SIVOM (Dominique m'a dit que c'était des gens qui s'occupaient de plein de choses sur le canton, comme la déchetterie, les poubelles, les égouts), mais pas comme Maman. Laurie avait été embauchée parce que son Papa était adjoint au maire, c'est elle qui nous l'a dit. Laurie nous a dit aussi que, après l'école, elle avait commencé une fac de Sciences Economiques et Sociales, elle avait essayé plein de petits boulots, mais rien ne lui plaisait. En fait, elle voulait passer des castings de la télé dans des émissions pour devenir célèbre, mais elle n'était jamais prise.

 

24 Août 2010 – 20H17 :

Décidément, elle est super longue à raconter cette journée. C'est vrai que c'est une des plus importante du gîte, celle où on était quatre le matin et dix-sept le soir.

 

Alors, pour Laurie, toute sa famille était morte de la Grippe et depuis elle n'avait plus goût à rien. Elle ne se levait pas le matin, elle traînait toute la journée et elle se plaignait tout le temps. Pourtant, elle aurait pu aider les petits parce qu'ils étaient sûrement plus à plaindre qu'elle vu leurs âges, mais c'était pas son truc. Avec Marion, on l'a vite surnommée Laurie-la-pourrie, comme un fruit qui est tout pourri au-dedans.

 

Pierre-Alain nous a grondé quand il l'a su, en disant qu'il fallait respecter les autres, mais on sait que Laurie l'énervait aussi beaucoup, il ne pouvait pas compter sur elle, il fallait être avec Laurie tout le temps pour qu'elle fasse quelque chose. Mais bon, ce jour-là on ne savait pas encore tout ça.

 

Donc, cette journée-là, nous aussi on a porté plein de choses, avec Dominique, parce qu'il fallait aménager le gîte pour recevoir tout le monde. On a vite laissé Thérèse et Charles s'occuper de l'ancienne pièce de Papa et Maman, là où ils allaient vivre puisque c'était la seule où ils allaient pouvoir être tranquilles.

 

Heureusement ce soir-là Papa n'est pas rentré trop tard. Après qu'on lui ait tout expliqué, il a pu aider pour le déménagement.

 

Je ne vais pas tout vous raconter, mais quand la nuit est tombée on avait des matelas, des draps, des oreillers et des vêtements pour tout le monde (Papa et Laurie sont allés en piquer dans les maisons du village) et tout le monde a pu dormir à peu près normalement.

 

Papa est reparti travailler le lendemain, Pierre-Alain et Dominique ont continué à s'occuper de tout. Il y a encore eu plein de voyages au village, encore une nuit et une journée et le hangar du gîte a été aménagé pour la vie de tout le monde. Heureusement que Nathalie et Pierre-Alain avaient déjà fait plein de travaux avant la Grippe.

A cette époque on avait encore de l'électricité d'EDF, Pierre-Alain pouvait brancher ses outils où il voulait pour travailler, couper des planches, faire des trous et même faire tourner la bétonnière.

Maintenant, on a une bétonnière à essence et le groupe électrogène, on peut encore tout faire mais ce n'est pas pareil.

 

L'électricité, c'est bien aussi pour mettre des films et calmer les petits en les mettant devant la télé. Mais il faut être sûr que les batteries soient super chargées, sinon elles se vident avant la fin du film parce que l'écran plat, ça consomme.

Au début, il y avait juste un écran plat au mur dans le salon de la maison, branché sur un gros disque dur et aussi sur l'ordinateur, maintenant l'écran est dans la grande pièce à vivre du hangar, pour que tout le monde en profite. Pierre-Alain et Nathalie avait fait plein de copie sur le disque dur de DVD qu'ils prenaient à la médiathèque du travail de Pierre-Alain, ça fait un gros réservoir de films à regarder, avec des tas de films pour enfants, heureusement.

 

Au bout de quatre ou cinq jours, la vie au gîte était à peu près normale, ça faisait du travail tout le temps pour les adultes mais presque plus personne ne s'énervait, sauf Thérèse et Charles entre eux, mais on a compris qu'ils étaient déjà comme ça avant et que ça n'allait pas changer.

 

C'était le début du mois de Mai, le soleil revenait, les fleurs aussi et c'est le jour où j'ai vu Papa pour la dernière fois.

 

 

24 Août 2010 – 22H27 :

Quand j'ai relu la dernière phrase de ma dernière écriture, ça m'a fait repenser à Maman et je me rends compte que j'ai oublié de parler d'elle. Elle me manquait depuis qu'elle était partie, tous les jours. Des fois, je l'appelais encore et puis je me rendais compte qu'elle ne serait plus jamais là et ça me faisait un grand trou dans le ventre. Pour me réconforter, j'allais alors trouver Papa ou bien je prenais une peluche ou un petit chat.

 

Mais au gîte, on se retrouvait tous les trois pareils, Marion, Thomas et moi. Nos Mamans étaient parties, nos Papas étaient restés. Un jour, je ne sais plus comment, Marion m'a demandé si je lui parlais encore, à ma Maman. Je lui ai dit que je faisais des prières quelque fois. Elle m'a dit qu'elle faisait pareil et elle m'a demandé si je voulais qu'on fasse nos prières ensemble. J'ai dit oui et c'est comme ça qu'on a commencé.

 

On se retrouvait tous les deux, ou quelquefois tous les trois avec Thomas mais il était encore un peu petit pour faire comme nous. Alors, on parlait à nos Mamans, on leur disait combien elles nous manquaient, que la vie n'était plus pareille, un peu toute vide, surtout que nos Papas n'avaient pas beaucoup de temps pour nous. Le mien partait travailler tous les jours et Pierre-Alain avait tout le temps du travail.

 

Des fois, avec Marion, on parlait des âmes de nos Mamans. Elle m'a demandé un jour si je croyais que nos Mamans allaient se réincarner, j'ai répondu que je ne savais pas. Parce que nos Papas, ils disaient tous les deux que, quand une personne est morte, elle ne revient pas. Que le seul endroit où elle reste c'est dans le cœur de ceux qui l'ont aimé, que là elle peut rester pour toujours.

 

Mais moi, j'avais vu ma Maman quand elle était morte, je lui avais dit adieu et après j'avais vu le cercueil brûler et j'avais pleuré, alors quelque fois je me disais que Maman était dans mes larmes, qu'elle nettoyait mes yeux.

 

Avec Marion on a parlé des Dieux, celui des Chrétiens, ceux des Égyptiens et ceux des autres, on a parlé de Bouddha et de la réincarnation. Un jour, on a construit un petit « autel des ancêtres », comme dans les restaurants asiatiques. On y allumait des bougies pour nos Mamans et aussi pour nos Papys, nos Mamies, tous les gens qu'on avait aimé et même pour tous les autres, et on priait.

 

C'était notre secret, on l'a jamais dit à nos Papas. Ça nous faisait du bien à tous les deux, on parlait et on disait ce qu'on ne pouvait pas dire à nos Papas.

 

25 Août 2010 – 09h12 :

Je reprends l'histoire du gîte.

Ce soir là, quand Papa est revenu, il avait Lionel dans sa voiture. On les a vu descendre tous les deux, Lionel regardait partout, il ne comprenait rien, il était tout sale. Papa l'a poussé à la salle de douche du hangar et il est venu nous raconter.

 

Il l'avait trouvé sur la route de Toulouse, à un quart d'heure d'ici. Lionel dormait sous un abri bus, il ne l'avait pas entendu arriver. Papa nous a dit qu'il ne pouvait quand même pas le laisser tout seul, alors il s'est arrêté, il a parlé avec Lionel et quand il a appris qu'il traînait tout seul depuis des semaines il a décidé de l'amener au gîte.

 

De toute façon, il n'y avait pas beaucoup d'endroit où amener les gens. Papa nous racontait comment c'était, la vie en ville et dans le reste de la France et finalement on était mieux chez nous. Presque tous les adultes étaient morts, il restait surtout des enfants et des personnes âgées, je l'ai déjà dit, ceux qui avaient eu la première Grippe, qui n'étaient pas morts et qui étaient immunisés contre la Super-Grippe. Alors, en ville, rien ne marchait. Plus beaucoup d'électricité, plus d'eau de toute façon, les égouts qui débordaient à chaque pluie et surtout plus rien à manger d'autre que des conserves.

 

Chez nous, on avait de l'électricité, de l'eau du puits, plein de conserves, plein de charcuterie qui séchait pendue dans une pièce fermée, le potager que Dominique avait relancé avec Thérèse et Charles et puis le four à pain où Pierre-Alain faisait du pain. On le faisait tous avec lui, d'ailleurs, c'était trop bon à faire nous même. Il en faisait plusieurs maintenant, des gros pains pour tout le monde et pour toute la semaine. Le four à pain servait aussi souvent à faire la cuisson de cuisine, on avait du charbon et du bois pour toute une année, disait Pierre-Alain.

 

Alors donc, Lionel. On a appris qu'il venait de Montrougeau, qu'il avait quinze ans (du coup, c'était lui l'enfant le plus âgé du gîte, le seul ado) et que ses parents et tous les membres de sa famille étaient morts dans la première ou la deuxième grippe. Il s'était enfui de chez lui, depuis il traînait dans la campagne, à pied, toujours à pied, en dormant dans les maisons vides, en mangeant ce qu'il trouvait dans les magasins ou les placards là où il allait. Pour les vêtements il se changeait quand ça lui plaisait, pareil, en prenant ce qu'il trouvait. De temps en temps il voyait des gens mais il essayait de les éviter.

 

Tous ça, il nous l'a dit autour de la grande table du hangar, en mangeant la moitié d'un pain et plein de jambon. Comme c'était l'heure du repas, on mangeait aussi avec lui, mais on mangeait moitié moins. Les adultes essayaient d'avoir des nouvelles des villages autour, mais Lionel se mélangeait dans les noms et dans les distances alors ce n'était pas facile. Marion et moi, je crois qu'on se demandait surtout si on aurait pu faire comme Lionel, marcher sur les routes, vivre tout seul comme lui.