Block 108 bis : 02

02

“- Par St-Ex et Mermoz ! Un missile brouilleur de champ magnétique ! Les instruments sont nazes ! Accrochez-vous !

A bord du “Princesse”, c'est l'effervescence et la panique. Le pilote repasse d'urgence en manuel et bascule sur l'angle en un mouvement réflexe de fuite. L'antigrav aux couleurs bleue et blanche de One Corp est entouré d'un halo crépitant mauve et noir tandis qu'il se met à effectuer des mouvements désordonnés au dessus de la mégazone.

La passagère pousse un long cri d'effroi, mais son harnais de sécurité surgit automatiquement et coupe son souffle en l'emprisonnant.

- Missile ! Le copilote a à peine le temps de hurler qu'un souffle immense accompagné d'un bruit assourdissant précipite l'antigrav vers le sol. Le missile a détruit les tuyères propulsives arrières, elles n'existent plus. La partie arrière du véhicule est ouverte sur l'extérieur, l'appel d'air aspire au dehors tout ce qui n'est pas solidement fixé.

- Redresse ! Redresse ! crie le copilote en manipulant frénétiquement mais en vain de nombreux basculeurs sur le tableau de bord parcouru de court-circuits et multiples lumières clignotantes.

- Et tu crois que je fais quoi !! grince le pilote arc-bouté sur le joystick de commandes. On n'a plus de propulsion ! Accroche-toi, on va au tas !

Le mur de béton décrépit d'un immeuble envahit le pare-brise. Il est vieux et miteux mais large et solide.

L'appareil éventre la façade, sa proue explose.

Les piliers porteurs laissent voir leur armature tordue, la poussière retombe sur l'épave éventrée d'un antigrav bleu et blanc en équilibre instable entre l'extérieur et ce qui fut un appartement luxueux.

- Qu'est… ce… que… ??? Gena sort prudemment la tête de derrière le canapé recouverts comme le reste de la pièce de débris divers. A la main, par réflexe, elle tient fermement le Glock.

Une plainte assourdie provient de l'intérieur de la carcasse éventrée.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? Horst et Sem se sont précipités à la fenêtre de l'appartement du médium et contemplent le spectacle insolite.

- A mon avis, professe Sem, le pilote a mal négocié son atterrissage.

Horst s'est ressaisi. Il a sorti son ordimini et commence à pianoter les ordres pour que tous les robots d'entretien disponibles convergent vers le bâtiment endommagé et sécurisent la zone.

Dehors et aux fenêtres, de nombreuses têtes apparaissent, désireuses d'assister au spectacle.

Horst pianote à nouveau. Un message va être diffusé dans tous les appartements du bâtiment, les invitant à quitter la zone et à se rassembler à l'extérieur pendant que les dégâts seront évalués.

- Engin à terre, mais possibilité de survivant. Point d'impact : Block 108 Bis. Demandons passage d'une équipe de R&D. Over.

L'homme aux jumelles range son communicateur et fait un signe aux uniformes noirs postés sur le toit du silo désaffecté, dont deux rangeaient déjà leurs lance-missiles portable. Tous portent le même symbole, l'éclair or sur un rond rouge. Le sigle de la Korporation. Ils convergent vers un antigrav qui décolle rapidement et disparaît dans la circulation aérienne de la mégazone, à l'opposé du Block 108 Bis.

- Hey, gardien ! Le visage de Gena envahit le petit écran du com de Horst. J'ai une rescapée sur les bras. Dépêche-toi de me l'enlever, je ne suis ni infirmière ni bonne-sœur, moi !

- Pute borgne ! jure Gena devant le corps inerte, contemplant à la fois l'épave et le trou béant dans son mur. Adieu, planque tranquille. On a passé de longs moments de repos, toi et moi, mais c'est fini. Allez. Faire les valises.

Habituée aux départs impromptus, la jeune femme possède des malles toujours prêtes. Même le contenu du coffre, sorti de sa cache, prend place dans des sacoches rigides à la solidité bien apparente.

La sonnette de l'appartement se fait entendre, tandis qu'une voix synthétique annonce à Gena l'arrivée d'un visiteur et que le vidéophone tente de projeter son image sur le grand écran un peu lézardé qui laisse apparaître ses entrailles électroniques.

- Voila. C'est la seule survivante. Il y avait aussi deux hommes aux commandes, ils sont réduits en bouillie. L'engin s'appelle “Princesse”, il doit appartenir à Corp One, vu les marquages. Vous trouverez bien leur téléphone dans l'annuaire. Moi, je me tire.

Gena a débité tout cela d'une traite à Horst en lui désignant à chaque fois ce dont elle parle. Maintenant, elle passe la lanière d'un épais sac militaire autour de son torse et empoigne fermement deux sacoches rigides.

Horst analyse la scène : allongée sur le canapé blanc grossièrement débarrassé de ses débris, une jeune femme tout juste sortie de l'adolescence. Longs cheveux blonds étalées en une large couronne, lèvres fines délicatement ourlées entrouvertes sur des dents parfaites, formes avenantes délicatement contenues dans une robe de luxe à peine abîmée, elle a tout de l'aristocrate. Visage connu. Une ponte de Corp One ?

Au dessus, la carcasse désarticulée de l'anti-grav, un modèle de prix, définitivement mort. Horst est gêné par ce qu'il a cru percevoir de l'extérieur : où est passé l'arrière de l'engin ? Accident ou sabotage ?

Enfin, cette Gena. Horst croit replonger des années en arrière, lorsqu'il lui arrivait de côtoyer ces mercenaires privés hors de prix que les Corps embauchent de temps à autre pour des travaux très officieux.

- Hé là ! Horst rattrape Gena. Vous n'allez pas partir comme ça, quand même ?

- Je vais me gêner. Et lâchez-moi ! conclut-elle en se dégageant d'une secousse. Occupez-vous d'elle, ça devrait vous suffire pour un moment.

Sur ce elle passe dans le hall et disparaît dans les escaliers montants.

- Bon, ben… au boulot.

Horst vérifie sommairement l'état de la blessée. Commotion due au choc, mais pas de blessure apparente. Ne pas trop la bouger et appeler les secours, ça devrait suffire. Il pianote sur son Com et trouve rapidement ce qu'il cherche.

- Corp One ? Ici le gardien du Block 108 Bis. J’ai un engin à vous dans un immeuble à moi.

- …

- Oui, je veux dire, un de vos aériens s'est crashé dans un immeuble, ici au Block 108 Bis. Le “Princesse”… Pardon ?… Non, je ne quitte pas…

Gena est arrivé deux étages plus hauts, dans le parking aérien de son immeuble. Dans la semi pénombre, elle pose ses bagages au pied d'une épave d'antigrav et sort une petite télécommande de sa poche. Une impulsion, rien ne se passe.

- Gambo ? prononce-t-elle dans le vide. Activation et fin du camouflage.

- Bien reçu, Gena. La voix synthétique sort de l'épave. Activation et fin du camouflage.

Un frémissement parcourt la masse de métal et la transformation s'opère à vue d'oeil. Comme si un voile réparateur parcourait l'engin. En moins de dix secondes, Gena se retrouve à côté d'un superbe antigrav vert d'eau, aux vitres teintées, qui s'élève de quelques centimètres dans un bourdonnement sourd.

- Phase d'activation terminée. Véhicule opérationnel.

La porte latérale coulisse vers l'avant, Gena jette ses sac à l'intérieur.

- Oh, oh… La voix synthétique a un accent d'étonnement. Nombreux appareils en approche. En formation genre hostile…

- Quoi ? s'écrie Gena, en s'installant aux commandes. Topo rapide. Et on reste caché pour le moment.

- Acquisition de cible. Passe senseurs : deux humains dans le périmètre immédiat. Possibilité de survivant confirmée.

- Monsieur ! Communication en cours depuis l'un des individus vers Corp One.

- Monsieur ! Un antigrav actif deux niveaux au dessus !

- Formation de combat ! Un vaisseau sur l'antigrav ! Feu à volonté suivant plan B ! Exécution !

Horst, toujours en attente, porte distraitement son regard vers l’extérieur par l'une des brèches ouverte dans le mur par l'impact. Il se fige soudainement. Six vaisseaux aériens noirs sont apparus en face de lui et se placent lentement en position de…

- A l'abri !!!! hurle-t-il, joignant le geste au cri, empoignant la blessée inconsciente avec lui derrière un mur.

L'enfer se déchaîne. Six lance-missiles crachent leur salves dévastatrices. Trois au niveau de l'appartement, trois au niveau du parking. Le béton explose, la façade de l'immeuble vole en éclats. Des débris giclent de partout.

- Cessez-le feu ! Aux résultats ! Commandos prêts à débarquer !

Horst souffle dans le silence qui revient et regarde. Un pan du mur derrière lequel il était abrité tient encore et les a sauvés, lui et l'inconnue, qui gémît maintenant. Chez Batibéton, on ne lésinait pas sur les armatures. Heureusement. Horst risque un œil à l'extérieur, les vaisseaux se dispersent, en position de débarquement.

Pas de temps à perdre. Les vieux réflexes reviennent. Il passe la jeune femme sur son épaule et court vers l'issue.

La carcasse du « Princesse » gît maintenant sur le parking au pied de l’immeuble, écrabouillée à nouveau, sa structure complètement démembrée, achevée par la nouvelle chute.

- Hop ! Hop ! Hop !

Les trois hommes glissent le long du toboggan rigide depuis l’antigrav d'attaque jusque dans le duplex, à travers le gruyère qu’est devenu le béton de la façade.

- Rien. On continue.

- Go ! Go ! Go !

Trois commandos sautent sur le béton poussiéreux du parking, armes apparentes, dirigées vers ce qui reste des véhicules réduits en épave par le tir dévastateur des missiles.

Dispersés, ils convergent lentement, professionnellement, vers ce qui reste de l’antigrav de Gena, guidés dans leur oreillette par une voix invisible provenant de leur véhicule.

- Une source de vie dans le véhicule cible. Effectuez mouvement rabattant et neutralisez.

Horst descend péniblement l’escalier aux marches encombrées de gravats, la rescapée sur l’épaule.

- Troll vert et foutre Dieu ! ! ! C’est quoi ces bargeots ! ! ! Aïïïïïïeeeeee ! ! ! ! ! ! !

Son genou a dévissé, Horst perd l’équilibre. Encombré par son fardeau il plonge en avant et n’a que le temps de pivoter sur lui-même pour frapper la paroi à pleine épaule, n’épargnant sa « passagère » que de justesse.

- Ooowwwww ! ! ! ! Tccchhh ! ! !

Il se retrouve quatre marches plus bas, dans le coin du palier intermédiaire, tassé sur lui-même, la blessée toujours inconsciente en vrac sur lui.

- Oww le genou ! ! Ow ça fait mal ! !

Comme il peut, Horst repose la rescapée sur les marches, souffle profondément et tente de reprendre une position debout correcte, lourdement appuyé sur le mur.

En haut, on entend des tirs nourris d'armes automatiques. Gros calibres.

En haut, c'est le parking. Malgré les impacts sur son engin, Gena est encore consciente. Consciente d'avoir été la cible d'au moins six hommes armés, consciente du crépitement d'armes automatiques autour d'elle, mais pas vers elle.

    • Milice de voisinage ! Crie une voix amplifiée. Jetez vos armes !

Les commandos d'assaut ont stoppé. Par plusieurs entrées du parking, une dizaine de bons citoyens de la tour sont apparus, diversement protégés et armés. Tous portent sur l'épaule droite un large macaron bleu cerclé de rouge marqué « Block 108 Bis » en larges lettres dorées. Leur chef, soixante-dix ans à vue de cheveux calvitie et de ventre bedonnant, le visage caché derrière une moustache fournie, parle d'une voix ferme amplifiée électroniquement. Fermement tenue par ses mains grêlées, une antique AK47 avec double chargeur banane. En protection, il porte un gilet pare-balle au moins aussi vieux que la Kalachnikov et qui porte les traces d'anciens d'impacts de balle.

Un homme de haute stature se détache parmi les assaillants, fait quelques pas et se tourne vers le leader de la milice. Sur sa tenue noire se détachent, sur chaque épaule et sur le torse, la double barre horizontale de Lieutenant. La visière du casque se relève et on voit un visage ferme habitué à commander.

- Ceci est une affaire entre corporations ! Veuillez rester à l'écart ! Votre corporation sera indemnisée pour les dégâts collatéraux selon le Code de Bonne Conduite des Entreprises Commerciales.

- Négatif, officier ! Le Block108 Bis est une propriété autogérée non-signataire du Code. Veuillez stopper cet assaut et quitter les lieux !

« Connard de bouseux » marmonne l'Officier avant de donner ses instructions à ses soldats « On va nettoyer ces ploucs. A mon signal… »

« Bwaom ! » La tête de l'officier explose dans son casque.

Les commandos et les miliciens se jettent à l'abri derrière les piliers, les armes crachent des rafales, c'est le chaos.

Le sergent hurle dans son micro à destination de son support aérien « Résistance armée ! Officier HS ! »

    • Lequel a tiré ? Demande le sergent dans son micro à son groupe.

    • Qui a tiré ? Demande le chef des Miliciens dans sa radio à ses équipier.

Tandis que les tirs se poursuivent, Gena s'éclipse discrètement par l'une des issues du parking, un lourd sac solidement fixé sur les épaules, tenant à la main le Glock dont le canon refroidit rapidement.

Dans l'escalier, Horst s'est relevé. La douleur au genou se dissipe, il va pouvoir reprendre sur ses épaules la belle inconsciente et chercher une zone plus calme.

« BONGGG ! ! » « BRATTATTATT »

Horst voit un commando au crâne défoncé tomber à ses pieds, la rafale se perdant dans les hauteurs de la cage d'escalier.

- Alors, gardien, on ne surveille pas ses arrières ? Lance Gena du haut de l'escalier, tenant encore à la main la barre métallique qui lui a servi à neutraliser l'obstacle. Je ne sais pas qui sont ces gars, mais ils t'en veulent, à toi et surtout à ta passagère. Antigrav au tapis, équipe d'intervention musclée, elle a de la chance d'être encore en vie. Mais comme les renforts vont bientôt arriver, je nous conseille de déguerpir d'ici au plus vite.

Le cerveau de Horst se remet à fonctionner correctement. « On est en zone de guerre. Improviser, s'adapter, dominer ! » Il ramasse d'un geste l'arme tombée à ses pieds, vérifie le chargeur. « H&K automatique, 4mm, canon court, chargeur de 100 presque plein, spécial combat urbain. Ça va le faire ». Il attrape le bras de Gena au moment où celle-ci passe à sa hauteur.

- Tu me donnes un coup de main ! On descend la blessée. Une fois en bas tu fais ce que tu veux mais là j'ai besoin de toi. Hop !

Le trio descend les escaliers comme il peut. Très vite, Gena s'arrête.

- Bon, je vais la porter toute seule, la blonde. Ça ira plus vite. Toi, tu couvres. Et Gena embarque la blessée sur ses épaules tandis puis recommence la descente, Horst quelques marches derrière, écoutant la fin du combat.

Sept étages plus bas, la sortie. Horst regarde discrètement. C'est la foule des grands jours sur le parvis. Antigrav en miettes, dépeceurs d'épave, badauds et un groupe de ces commandos d'assaut qui s'éloigne du lieu. Ils ont vérifié les cadavres, sans doute.

C'est le moment que choisit la jeune blonde pour s'éveiller. Quelques gémissements, quelques battements de cils révélant des yeux d'un bleu profond, les joues se colorent tandis qu'elle parle faiblement.

- Wahou ! Quel shoot ! Quel rêve idiot ! J'aurais pas dû faire de mélange ! Vous êtes qui, vous ? Merde ! C'est pas un rêve ?

L'adrénaline booste la jeune femme. Elle veut se remettre debout mais ses muscles la lâchent, elle retombe assise.

    • Je suis où ? Elle est où mon escorte ? Faut appeler Papa !

Elle porte son bracelet communicateur à sa bouche puis stoppe, constatant qu'il n'est plus qu'un bloc de plastique et de métaux écrasés.

    • Ça suffit, les blagues ! Trouvez-moi un com' vite fait et appelez mon père ! Vite !

- Nom de bleu ! Gena jure à haute voix. Mais je vous connais, vous ! Sidonie Tsilton ! La fille de Charles Tsilton, créateur et dirigeant de Corp One ! Hôtels de luxe, limousines de luxe, bijoux de luxe ! La star de l'holo-réalité ! On vous voit dans tous les magazines people ! Je commence à comprendre.

- Comprendre quoi ? Demande Sidonie.

- Qu'il y a une guerre de Corps, mademoiselle. Kafim vient d'apparaître près du trio. Horst abaisse l'arme que Gena a dégainé. C'est dans les médias depuis cinq minutes. Un raid boursier hostile contre Corp One. On dirait qu'il n'y a pas que le raid boursier, qui est hostile. Salut Horst. Tu t'en sort ?

L'arrivée surprise de Kafim et ses informations ont figés la situation. Horst réfléchit rapidement. Les hostiles ont l'air décidés à finir le travail et lui n'a pas envie de voir son Block détruit dans une guerre de Corps. Une seule solution, rendre cette fille à son père et le faire savoir. Pourquoi est-ce qu'il ne rappelle pas, d'ailleurs ?

Comme un fait exprès, le communicateur de Horst bourdonne. Le logo de Corp One s'affiche. Horst prend l'appel et fait un saut temporel en arrière. La réalité se dissout autour de lui, autour du visage qui s'est inscrit sur l'écran. Bjorn Ulvaeus. Celui qui est à l'origine de son renvoi de Pruss Corp, de sa descente sociale. L'autre par contre n'a pas l'air de le reconnaître. Horst se reprend difficilement et finit par comprendre ce que dit Ulvaeus.

    • …vous me comprenez ? Hola ? Vous m'entendez, vous ?

    • Euhh… Oui, oui, j'entends.

Sidonie se précipite sur Horst et lui tord le bras pour parler au communicateur.

- Bjorn ! Quelle joie ! Qu'est-ce qui se passe ? Sortez-moi de là ! Le ton de la jeune femme mélange allégresse, peur et habitude ce commander.

- Mademoiselle Sidonie ! Vous allez bien ? Que s'est-il passé ?

Horst reprend la communication, arrache son bras à la main de la jeune femme et résume la chute du Princesse puis l'attaque des mystérieux commandos armés.

- Bien, merci, répond Ulvaeus. Cela correspond à nos craintes. Malheureusement la situation est… assez tendue pour nous également. Nous allons reprendre les choses en main, mais pour le moment nous ne pouvons pas vous envoyer d'équipe. Est-ce que vous avez les capacités de conduire Mlle Tsilton à Zéphyr One ? C'est à une demi-journée de route et c'est notre archologie la plus proche de chez vous. Bien sûr vous serez largement dédommagé.

Horst réfléchit rapidement. Ramener Sidonie c'est déserter son poste mais c'est aussi sûrement pas mal d'argent et puis… et puis l'idée de reprendre du service actif le démange. Et s'il y avait une place chez Corp One au bout ?… Ce connard d'Ulvaeus le lui devra bien.

Pendant que les rouages tournent dans sa tête, Sidonie lui a de nouveau tordu le bras et s'entretient avec Ulvaeus. Ça ne semble pas lui faire plaisir. Horst comprend qu'elle n'a pas l'habitude que ses quatre volontés ne soient pas immédiatement exhaussées.

- Bon ! Gena ramène Horst à la réalité. On se quitte-là, je ramène la princesse à son château.

- Euh… pardon ?

- Oui. Vous tout seul n'arriverez pas au bout. Vous êtes dans les vapes tous les quart d'heure, il faut à Mlle Tsilton quelqu'un de fiable, quelqu'un qui sache la protéger des dangers. Et puis vous avez un Block à garder, non ?

- Qu'il aille au diable, ce Block. Horst se redresse, son corps se réveille comme il ne l'avait pas fait depuis longtemps. C'est encore moi qui décide, ici ! Je veux bien de l'aide, mais c'est moi à qui on a demandé de ramener Mademoiselle. J'y vais !

- Si tu y vas, j'y vais aussi ! Kafim s'en mêle. Comme dit la dame, tu auras besoin d'un coup de main, Horst mon ami. Et puis (Kafim se penche à l'oreille de Horst) je sent le bon argent prêt à couler à flot.

- OK. Horst reprend les choses en main. Ulvaeus, vous garantissez qu'il y aura quelqu'un à Zéphyr One pour nous accueillir ?

- Garanti. Et je vous garanti une forte récompense, parole de Bjorn Ulvaeus ! Mais seulement si Mlle Tsilton arrive intacte !

Le groupe se dirige par les arrière-cours du Block jusqu'à la loge de Horst. Pendant que Horst fait ses bagages, Gena vérifie l'état de santé de Sidonie et, malgré les refus de celle-ci, l'habille de vêtements à elle. Le style n'est pas le même. Plus de robe de couturier, voici un pantalon de toile sobre, un T-shirt neutre et une veste en jean bien solide.

Kafim également est passé chez lui, le quatuor se retrouve ensemble au bout de dix minutes. Horst a appris à estimer l'efficacité de Gena, celle-ci semble avoir apprécier les états de service de Horst affichés sur ses murs.

Un monospace se gare devant la loge. Au volant, Moïse rit de toutes ses dents en hélant le groupe.

- Taxi, m'sieur, dames ?

Kafim regarde Horst en riant aussi.

- Ben oui. On n'allait pas y aller à pied, non ? Je lui ai dit qu'il y aurait de la thune à se faire. Bon, on monte ?

Et le quintet quitte le Block 108 Bis où les commandos finissent de fouiller l'immeuble dans lequel le Princesse s'est écrasé…